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Le vers international libre

Le VIL est encore très présent sur la scène poétique mondiale, dans tout festival international, anthologie ou revue. Ses exigences formelles sont assez faibles. Et ce fait entraîne un glissement de plus en plus sensible vers une phase (ultime ?) de l’évolution formelle : celle où le vers lui-même n’est plus considéré comme nécessaire. Il avait déjà tendance, dans les années 1990 du siècle défunt, je l’ai constaté souvent, à disparaître, à la lecture, dans la diction d’un grand nombre de poètes, qui lisaient leurs poèmes comme de la prose, de la prose ornée rhétoriquement par la voix, car il faut bien faire voir qu’il s’agit de poésie. Dans ces conditions, pourquoi ne pas composer tout simplement de la prose ? La poésie, et c’est spécialement sensible chez les poètes les plus avancés de France ou des États-Unis, se fait alors par petites proses courtes, mais non visiblement narratives : l’absence d’une trame narrative nette est alors le marqueur unique de l’appartenance au genre poésie.

Jacques Roubaud, Obstination de la poésie.